La nouvelle maire, Silvia Salis, a remporté les élections municipales ce 26 mai.
La nouvelle maire, Silvia Salis, a remporté les élections municipales ce 26 mai.

La ville de Gênes tourne le dos à la droite

Les jeux sont faits. Après huit ans de droite, la ville de Gênes repasse à gauche. C’est Silvia Salis, 39 ans, issue de la coalition de centre-gauche, qui portera désormais l’écharpe tricolore en tant que nouvelle maire.

Il aura fallu huit ans pour que Gênes retrouve son âme de ville de gauche. Berceau de Fabrizio De André, cité rebelle et populaire, la Superba s’était laissée prendre par la droite. Huit années d’une gestion incarnée par Marco Bucci, indépendant adoubé par les conservateurs, qui a quitté la mairie fin 2024 pour prendre les rênes de la Région Ligurie — poussé par la province d’Imperia, bastion historique de la droite locale.

« Je serai présente dans les quartiers où les services manquent, aux côtés de celles et ceux qui n’arrivent plus à se payer un logement, avec ceux qui travaillent dur et peinent à boucler les fins de mois. Aux côtés des jeunes qui veulent rester, et en tendant la main à ceux qui veulent revenir. »

Silvia Salis sur son profil Facebook

Lundi 26 mai, la gauche a repris le port. Silvia Salis, 39 ans, ancienne athlète et figure montante de la scène politique, a conduit la coalition de centre gauche — Parti démocrate, Mouvement 5 étoiles, Alliance des Verts et de la Gauche — à la victoire face à une droite divisée et usée. Gênes rompt ainsi avec une décennie de conservatisme municipal et tente de renouer avec son identité progressiste.

La droite et ses paris perdants

Le plan du gouvernement est tombé à l’eau, dans le port de Gênes. Matteo Salvini, le ministre aux tweets compulsifs, et Giorgia Meloni, cheffe d’un exécutif en croisade identitaire permanente, avaient misé gros sur Pietro Piciocchi, adjoint du maire sortant et candidat estampillé “ordre et stabilité”. Mais la sauce n’a pas pris. Rien n’a pu empêcher Silvia Salis de l’emporter dès le premier tour, avec 51,5 % des suffrages. Piciocchi, lui, s’est arrêté à 44 %, renvoyé à ses PowerPoint par une ville qui a préféré tourner la page.

Le 28 avril, Matteo Salvini fanfaronnait sur la scène du Teatro della Gioventù à Gênes. Il promettait une victoire éclatante au premier tour pour Pietro Piciocchi, soutenu par toute la droite — Giorgia Meloni comprise. Il prédisait 55 % des voix, dénonçait les « millions de la gauche » et les « syndicats tout-puissants », tout en accusant ses adversaires de vouloir revenir « se partager les fauteuils ».

Une victoire fruit de l’union de la gauche

La réalité lui a claqué la porte au nez : Silvia Salis a gagné dès le premier tour avec 51,5 %. Piciocchi, lui, s’est arrêté à 44 %. La participation a augmenté de 12 points, contrairement aux affirmations approximatives des soutiens gouvernementaux. Et la Lega ? Un maigre 6,9 %, battue par la liste de Salis elle-même. Une constante : quand Salvini soutient un candidat, il perd. Même à Gênes.

Du côté de l’opposition, évidemment, on voit dans la victoire de Silvia Salis un signe de vitalité retrouvée pour une gauche longtemps marginalisée depuis l’arrivée de Giorgia Meloni au pouvoir. « La réponse des urnes est claire : le centre gauche gagne là où il est uni », souligne le quotidien progressiste La Stampa, qui rappelle aussi la victoire de la gauche au premier tour à Ravenne, autre bastion symbolique.

Reste à savoir si cette union pourra se maintenir ailleurs. Réussir à faire cohabiter le Parti démocrate (PD, centre gauche) et le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) au sein d’une même coalition reste, selon la presse, le vrai défi à venir. Il Giornale, média conservateur, en doute ouvertement : « À Gênes, ils ont trouvé une candidate citoyenne commune, mais y parviendront-ils au niveau national ? Cela ressemble à de la science-fiction, vu le duel permanent entre Elly Schlein [PD] et Giuseppe Conte [M5S] ».